mercredi 1 août 2012
Situation sociopolitique confuse au Bénin : Sacca Fikara rend responsable le Chef de l’Etat
(L'Araignee 31/07/2012)
L’honorable Sacca Fikara, Président du Mds a organisé hier 26 juillet 2012 une conférence publique à Dangbo pour rendre compte à sa base de la situation catastrophique dans laquelle se trouve aujourd’hui le Bénin. Plusieurs sujets brûlants de l’actualité politique nationale ont été abordés.
Le ralentissement des activités portuaires, la crise dans le secteur du coton, les maigres ressources allouées aux départements du Sud Bénin pour relancer le palmier à huile, les disparités sectaires et régionalistes observées dans le recrutement à la fonction publique et dans l’armée, les problèmes liés aux travaux de lotissement dans les communes et plus précisément à Dangbo et beaucoup d’autres sujets ont été abordés par l’honorable Sacca Fikara qui exerçait ainsi l’une des missions que la Constitution béninoise du 11 décembre 1990 lui confère : la reddition des comptes aux populations à la base.
Pour l’honorable Fikara, tous les maux dont souffre aujourd’hui notre pays sont le fait d’un pouvoir de Boni Yayi en déliquescence. Ce pouvoir a-t-il dit, est dangereux et il faut s’en méfier au maximum.
Le ralentissement des activités portuaires
« Le port de Cotonou reste et demeure le poumon de notre économie. Depuis 1960, tous les pouvoirs qui se sont succédé, à l’exception de celui de Boni Yayi, lui ont accordé une attention particulière parce que c’est lui qui fournit l’essentiel des recettes fiscales qui servent à réaliser les projets de développement et assurer le fonctionnement normal de l’Etat. Malheureusement, le port de Cotonou est devenu aujourd’hui un enjeu de règlement de comptes politiques au point où il est complètement détruit et n’intéresse plus nos partenaires des pays de l’Hinterland », a fait observer l’honorable Sacca Fikara.
« Le Pvi qui a échoué dans notre pays alors qu’on n’a pas eu le temps de l’évaluer, a connu un succès éclatant dans les pays comme le Sénégal, la Côte-d’Ivoire, le Cameroun et depuis 1989, le Ghana. Pourquoi nous a-t-on dit hier que le Pvi était bon au point d’interdire aux douaniers d’aller en grève et que subitement aujourd’hui, on décide de le suspendre sans donner des explications convaincantes aux populations ? », s’est par ailleurs interrogé l’honorable Fikara. Pour lui, on ne peut pas continuer par gouverner notre pays par le mensonge. « Ce que nous vivons aujourd’hui au Bénin est dramatique. Ce que vit le port est lourd de conséquences pour notre pays. Il y a lieu de réagir énergiquement si non, nous risquons de connaitre une situation qui est encore semblable à celle que nous avions vécue en 1989 », a averti le Président du Mds.
La crise du coton
La crise de la filière coton a été abordée par l’honorable Sacca Fikara dans un ton très sévère. « Je suis surpris par ce qui se passe dans notre pays. La seule voix, la seule volonté et la seule intelligence qui gouvernent notre pays sont celles de Boni Yayi. Comment tous ceux qui l’entourent et qui sont doués d’une autre intelligence ont pu accepter ce qui se passe aujourd’hui dans la filière coton et qui a conduit à la destruction de toutes les structures de cette filière ? », s’est interrogé le député Sacca Fikara. « On a demandé aux producteurs d’emblaver des hectares de terre. Et maintenant, on court après les intrants, notamment les insecticides. C’est un drame », a commenté l’honorable Fikara qui s’est interrogé sur celui qui va rembourser les 115 milliards de F Cfa mobilisés par la Boad pour financer la campagne cotonnière 2012-2013 alors que nous ne sommes pas sûrs de trouver des intrants pour traiter les champs en respectant l’itinéraire technique du cotonnier. « La catastrophe est déjà là puisque les parasites s’attaquent aux cotonniers. Même si je suppose que ce qui est reproché à l’Aic est vrai, pourquoi détruire les structures de cette Association alors qu’on est à la veille de la campagne cotonnière 2012-2013 », a dit Fikara. Pour lui, il est trop tard pour avoir un bon rendement pour la campagne cotonnière 2012-2013. Les paysans mobilisés pour cette campagne ont perdu leur temps, leur champ et vont se tirer d’affaire avec des dettes au cou, prédit déjà le Président du Mds.
« Nous sommes à un point de non retour. On ne peut plus continuer par soutenir un pouvoir qui conduit inexorablement notre pays dans l’abîme et qui fait de l’improvisation un moyen privilégié de gouvernance. On ne peut pas continuer par diriger notre pays par la haine, la méchanceté et la division », a dit Sacca Fikara qui s’est aussi attaqué aux déclarations faites par le Président Boni Yayi devant les producteurs du Nord-Bénin où il était question de l’instauration d’une dictature du développement.
« Je ne sais pas pourquoi Yayi dit qu’il a honte parce que notre pays est le dernier de la classe dans l’espace Uemoa en termes de croissance économique, alors que c’est lui-même qui organise le pillage systématique de notre pays », a poursuivi le Président Fikara.
Toujours dans le domaine de la promotion agricole, l’honorable Fikara estime que les fonds que pensent allouer le gouvernement à la promotion de la filière palmier à huile sont largement en-dessous de ce qui est alloué pour la production du coton, surtout que depuis 2006, les résultats obtenus ne sont pas à la hauteur des investissements financiers consentis.
L’éducation, les concours de recrutement à la fonction publique
Sur ce point, l’honorable Fikara n’a pas été aussi tendre avec le régime Yayi. « Lorsque vos enfants finissent brillamment leurs examens, il leur est aujourd’hui impossible de réussir facilement aux concours d’entrée à la fonction publique s’ils n’appartiennent pas à la chapelle politique du Chef de l’Etat, ou s’ils ne sont pas de la même région que lui. Loin de moi l’idée de faire l’apologie du régionalisme. Mais je voudrais que l’on donne la même chance d’accès à la fonction publique aux fils de notre pays quoi qu’en soit leur origine, leur ethnie, leur race, leur appartenance politique…», a dit avec force énergie l’honorable Fikara qui s’est par ailleurs appuyé sur la lettre des syndicats du ministère des finances pour réclamant la transparence dans l’organisation du concours de recrutement qui aura lieu le samedi 28 juillet prochain.
« J’ai le devoir de dire la vérité au Président Boni Yayi. Il a détruit les opposants et veut aujourd’hui s’attaquer à leurs progénitures. Il veut donc détruire une génération. Cela ne participe pas à la promotion de l’unité nationale que proclame le Président Boni Yayi », a dit l’honorable Fikara.
Pour l’honorable Fikara, le régionalisme a atteint son paroxysme au sein de la fonction publique au point où l’ancien ministre Galiou Soglo qui a servi avec dévotion le Président Boni Yayi ne s’est pas empêché de le dire haut et fort dans une interview qu’il a récemment accordée aux médias.
Toute analyse faite, l’honorable Fikara a estimé que face à cette situation, aucun citoyen sérieux ne doit se taire car, lorsqu’un recrutement est fait dans ces conditions on ne peut jamais avoir une administration de développement, mais plutôt une administration où règnent le népotisme, le régionalisme, la médiocrité et la corruption, comme c’est le cas actuellement.
« Au temps du Prpb, j’ai passé le concours d’entrée au Cfap, actuelle ENA et j’étais admis sans l’aide d’une tierce personne. Aujourd’hui, ce n’est plus possible. Meme si tu es excellent, tu n’es pas assuré de passer avec succès un concours à la fonction publique au Bénin », a fait observer le président du Mds qui estime que le discours sur l’unité nationale que tient souvent le Chef de l’Etat ne rassure personne dans ces conditions.
Le recours fréquent à l’armée
« Après 21 heures, vous ne pouvez plus circuler dans Cotonou sans croiser des blindés de l’armée. Pourquoi cela ? Pourquoi pour des questions simples qu’on peut confier à un policier ou à un officier de police judiciaire, le Chef de l’Etat doit-il toujours faire appel à l’armée ? Pourquoi l’armée béninoise doit-elle se mettre au service d’une seule personne ? » Voilà autant d’interrogations que le Président Fikara a partagées avec ses militants. Il dit craindre pour la démocratie de notre pays si à la moindre incartade, on doit faire recours à l’armée.
Pour finir, l’honorable Fikara a lancé un vibrant appel à tous les maires des communes de la vallée de l’Ouémé pour prendre les dispositions utiles afin de préserver les populations des éventuelles catastrophes qui pourraient intervenir et qui découleraient des grandes pluies qui se sont abattues sur le Nord-Bénin au cours de cette année.
Conflit d’autorités
L’ingérence du Préfet dans les affaires internes de la mairie de Dangbo au point d’hypothéquer la réalisation des projets de développement de cette commune, a été dénoncée par le député Sacca Fikara. Il a en effet évoqué la situation qui prévaut actuellement à la mairie de Dangbo où le maire n’a pas accès aux ressources propres de sa localité, lesquelles devraient provenir des travaux de lotissement et de l’exploitation du sable fluvial et qui sont bloquées par le préfet.
Affissou Anonrin
Journal LA PRESSE DU JOUR 30/07/12
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