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mercredi 16 janvier 2013

ANALYSE-RETOUR SUR LA VISITE DE YAYI BONI AU CANADA


Cette visite a été surtout caractérisée par une publicité massive qui donne bien l'allure de propagande. Les experts en relations publiques ont certainement réussi le coup en bombardant les journaux d'un article rédigé par une même source et reprise par la majorité des médias. Comme l'exige la probité intellectuelle qui est le propre des hommes et des femmes qui ont foi en la vérité, nous constatons que cette visite a permis au moins une large couverture médiatique du Bénin, grâce aux centaines de millions dépensés en publi-reportage. Il n'y a pas de honte de dire que la campagne médiatique et de propagande a été réussie. La preuve cela suscite cette analyse et d'autres réactions.

Au-delà de l'aspect médiatique, il n'est un secret pour personne que Yayi Boni adore parler pour rien de concret in fine. Je me rappelle toujours d'un grand ami lyonnais qui entendant les promesses de campagne du candidat Yayi en 2006, a cru d'emblée que : «le Bénin deviendrait le Tawain ou le Hong Kong d'Afrique après 5 ans». Ce dernier était simplement envoûté par le personnage que jouait le candidat, avant d'être sérieusement déçu en découvrant le vrai spécimen. Pourquoi ? À cause de la mal gouvernance et des scandales en cascades ICC service et consorts qui ont rythmé le mandat précédent. Il a changé totalement son opinion, après la tricherie sur la Liste électorale permanente informatisée (Lépi) et l'usurpation des élections de mars 2011. En effet, ceux qui croient les yeux fermés aux discours enjôleurs et racoleurs seront tôt ou tard surpris par leur déception.

Revenons sur un des motifs principaux annoncés avant la rencontre avec le PM Harper. Il s'agit de la résolution de la crise malienne, notamment de la demande d'aide auprès du Canada pour son intervention militaire. Le PM Harper a simplement rejeté toute participation du Canada. Donc un camouflet et en plus la France et d'autres pays ouest africains n'ont même pas attendu la fin du voyage du président de l'UA avant de lancer une intervention conjointe sans aviser ce dernier.

Par ailleurs, en ce qui concerne l'annonce du Premier ministre Stephen Harper de «la signature de l'Accord sur la promotion et la protection des investissements étrangers (APIE) Canada Bénin». Ce n'est pas une grosse surprise car d'autres pays africains, notamment du Commonwealth ont déjà signé le même accord bien avant le Bénin. Cet accord vise à garantir aux probables investisseurs canadiens dans ces pays certaines assurances pour leurs investissements. Tandis que l'accord sur l'exploitation des ressources naturelles est plus un accord destiné à l'UA. Car l'Union Africaine a dans ses agendas la mise en place de partenariats dits «gagnant-gagnant», donc ceci ne représente pas une annonce majeure, même si c'est au cours de cette visite que celle-ci a été faite.
Dernier point de notre analyse, l'annonce intitulée : « projet Soutien pour l'augmentation des revenus internes au Bénin appuiera les efforts déployés par le Bénin afin d'accroître son efficacité en ce qui a trait à la collecte et à la gestion des impôts des entreprises et des particuliers. Le projet aidera plus particulièrement à améliorer la collecte des taxes internes, la mise en œuvre des politiques et l'élaboration de politiques au moyen de nouveaux systèmes d'information.»

Il s'agit ici d'un projet de coopération élaboré par l'Agence canadienne de développement international (ACDI), dont plusieurs pays africains notamment le Botswana, le Cameroun, le Kenya, le Nigéria et d'autres pays anglophones ont déjà ou sont toujours en cours d’expérimenter afin d'améliorer leur système comptable et de recette fiscale. En dehors du Botswana, dans la plupart des autres pays le projet a échoué ou laissé de côté. Par avoir suivi une formation théorique destinée aux responsables des ministères de finances ou du trésor, les pays doivent se procurer de la technologie adéquate donc d'un nouveau moyen ou système d'information auprès de firmes canadiennes.

C'est à ce niveau que les responsables du Nigéria et du Cameroun ont expliqué que malgré les atouts de ce nouveau système d'information, il ne correspond pas aux réalités de leur pays caractérisé par l'informel. Compte tenu de cela le projet n'a pas eu le succès enregistré au Botswana.

Si nous prenons le cas béninois après la formation des experts, il y aura plusieurs équations à résoudre dont deux majeures. La première est celle de l'économie informelle, par exemple prenons la lutte ouverte engagée par les gouvernements successifs contre le secteur du carburant kpayo depuis plus de 20 ans. Mais à ce jour on ne peut pas évaluer si cela a porté ses fruits ou du moins les gains enregistrés par le trésor public béninois dans ce domaine. Comment arriver en 8 ans à amener les mamans du marché Dantokpa à se doter de machines d'enregistrement des ventes pour une meilleure collecte de la TVA ? La seconde équation est celle qui porte sur la nature même du système fiscal béninois. Rappelons que le Bénin fait partie de l'UÉMOA dont les États utilisent le Système comptable ouest-africain (Syscoa). Le Syscoa est un système comptable qui découle fondamentalement du plan comptable OCAM inspiré du modèle français. Or, le Canada fonctionne sur une modélisation comptable anglo-saxonne. Comment combiner ses deux modèles ou comment mettre en application ce nouveau modèle anglo-saxon dans ce pays francophone?

En conclusion, même si la visite de Yayi au Canada a eu une large couverture médiatique grâce aux millions engloutis en publicité et relations publiques. Il est encore très tôt de mesurer efficacement les retombées réelles pour le Bénin et l'Afrique, en dehors des effets d'annonce à portée mitigée. Comme disait l'autre « les promesses n'engagent que ceux qui y croient ». Car, des leaders ont fait marche arrière sur un important protocole environnemental juste pour des raisons économiques. Poursuivront-ils aveuglement leur projet, s'ils découvraient la nature réelle du discours du racoleur de la semaine ? Wait and see!!!

Armel M. Agbodjogbé à Ottawa
PS: Ceci est l'analyse d'un humaniste doté d'un esprit libre. Donc si quelqu'un se sent heurté par quoique ce soit nous sommes sincèrement désolé! 




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