AGBOARM

AGBOARM
agir ensemble | act together

mercredi 20 juillet 2011

ET SI LE PROBLEME DU BENIN ETAIT LE PRESIDENT BONI YAYI ?

ET SI LE PROBLEME DU BENIN ETAIT LE PRESIDENT BONI YAYI ?

 
 
19 juilet  2011 | Par Hubert 
 
 


Quelques mois seulement après son avènement au pouvoir en avril 2006, les Béninois qui savent comment fonctionne un Etat et les observateurs avertis de la gouvernance du Bénin ont compris que le vrai problème dont souffre le pays s’appelle Boni Yayi et voici pourquoi :

  1. 1. Une gestion économique cahoteuse qui donne à réfléchir
 
En vérité, le Président Boni Yayi dont on dit qu’il est un Economiste, ne l’est que de titre.  Affublé du titre ronflant de docteur, c’est sous son régime que les plus gros scandales financiers ont saigné le pays jusque dans ses tripes.  Il ne sied pas de revenir sur la longue liste des scandales de son premier quinquennat pompeusement baptisé de régime de changement. La croissance économique annoncée à deux chiffres à l’échéance de 2011 a pointé du nez.
Comment passer sous silence les distributions d’argent à tour de bras à certaines catégories sociales du pays pour acheter leur soutien pour sa réélection en 2011, sachant que la saga n’est pas terminée.  Depuis 1960 et de mémoire de citoyen, le Président Boni Yayi est le Président le plus généreux de l’histoire du Bénin.  Il est paradoxalement un Economiste.  Cela donne à réfléchir.  Dans un récent numéro de la Lettre du Continent, il a été rapporté que le candidat Boni Yayi aurait dépensé la bagatelle de 100 millions de dollars américains (soit plus de 45 milliards de francs CFA)  au cours de l’élection présidentielle de Mars 2011. D’où est venu tout cet argent ? Question qui mérite réponse.
Beaucoup de slogans ont été scandés au cours du quinquennat pour conduire le Bénin à l’émergence. Au bout de cinq ans, c’est la morosité économique avec en prime la dégringolade de la filière cotonnière qui est au plus bas de sa performance depuis l’Administration Soglo.  Une contre-performance d’une filière qui représentait 40% des recettes d’exportation. Le contraste est saisissant étant donné que les prédécesseurs du Président actuel ne sont pas des économistes, un facteur qui en ajoute au doute sur sa capacité réelle à conduire l’économie du pays.
 
  1. 2. Un dialogue social incroyablement pauvre
 
Plus inquiétante est la manière dont son gouvernement et lui même en tête, ont géré le dossier des primes et des indexations sur salaires pour diverses catégories professionnelles. Le dialogue du Chef de l’Etat donne également à réfléchir.  Autant il a fait exploser le plafond des primes et salaires, autant il a étalé ses humeurs à travers une violence verbale jamais égalée.  Et en matière de violence verbale, le Président Boni Yayi détient un record sans précédent parmi tous les Chefs d’Etat que le Bénin ait connus depuis 1960.  Qu’il vous souvienne des propos tenus par Monsieur Boni Yayi et rapportés par la Député de la Renaissance du Bénin, Madame Rosine Vieyra-Soglo.  Des propos qui donnent froid dans le dos et que je ne veux pas répéter ici. Sous d’autres cieux, ces propos devraient coûter à leur auteur, la comparution devant les juridictions compétentes du Bénin.  Mais comme en politique le ridicule ne tue pas, cela n’a pourtant pas empêché la Renaissance du Bénin de rejoindre le camp du Président Boni Yayi, malgré ces propos violents.
 
C’est dans le même registre qu’il convient d’inscrire le discours du 13 Juin 2011 ainsi que le geste malheureux qui a consisté à pousser un responsable syndical dans le dos pour fait de grève au Ministère des Affaires Etrangères.  La rencontre tenue avec le haut commandement militaire du pays le 12 Juillet 2011 et les propos tenus au cours de cette rencontre relève toujours de cette volonté de faire l’option de la violence verbale et de l’intimidation au détriment du dialogue constructif.
 
Cette attitude du premier citoyen de notre pays inquiète et contraste avec la kyrielle d’initiatives prises par lui même sous le prétexte de garantir la paix pour le développement du pays.  En effet que sont devenus le Médiateur de la République, le Haut Commissaire a la Gouvernance Concertée et plus récemment le Premier Ministre chargé du dialogue social. 
 
Pourquoi le Chef de l’Etat a-t-il mis en place ces structures alors qu’il sait ne pas pouvoir les mettre au service du dialogue nécessaire à la conduite harmonieuse des affaires de l’Etat ? Cela donne à réfléchir sur sa capacité à gouverner notre pays et c’est inquiétant.
 
En réalité, qui a créé les problèmes à l’origine de la crise de confiance entre les travailleurs et le gouvernement si ce n’est le Chef de l’Etat lui-même.Son manque de rigueur dans la gestion des affaires publiques et sa forte propension au populisme et à jouer au Président généreux sont à la base de ses déboires avec les travailleurs.  Le Président Mathieu Kérékou, tout bon militaire n’a jamais concédé aux travailleurs, ce que son gouvernement n’est pas en mesure de servir à tous les agents de l’Etat. L’une des rares exceptions sous le long règne du Président Kérékou a été le bonus de deux échelons accordés aux Magistrats dès leur entrée en fonction. Sous le Président Boni Yayi, c’est la énième fois qu’une crise est ouverte  entre les travailleurs et le gouvernement simplement parce que dans l’approche de la question salariale et des primes à allouer aux fonctionnaires, le Chef de l’Etat a de façon constante, manqué de méthode. Le Bénin n’est pas le seul pays au monde où les travailleurs demandent et demandent encore. Cela fait partie d’une stratégie de lutte et tous les gouvernements du monde le savent et savent maîtriser ces situations pour éviter qu’elles dégénèrent en crise préjudiciable à l’économie nationale et à l’harmonie sociale.
 
  1. 3. Un manque criard d’éthique et de morale dans la gestion des affaires publiques
 
Le Président de la République ne connaît pas ce qu’on appelle conflit d’intérêt.  Il s’y installe et en fait un des principes de sa gestion. Les nominations de Monsieur Lambert Koty au Ministère des Travaux Publics et des Transports et de Arifari Bako au Ministère des Affaires Etrangères posent des cas de conscience en ce qu’elles relèvent d’un refus d’observer des règles d’éthique et de morale qui ne sont pas encore écrites au Bénin, mais qui interpellent tout dirigeant soucieux de bonne gouvernance. Comment expliquer que Monsieur Lambert Koty, Président Directeur Général d’AGETUR, entreprise privée dont il détiendrait la majorité du capital social, soit envoyé par le Chef de l’Etat avec pour mission de diriger le Ministère qui est censé alimenter cette société en marchés publics par le biais de la concurrence ?  Même si le Ministère de l’Urbanisme est tenu par quelqu’un d’autre, la seule présence de Monsieur Koty dans le gouvernement et à ce poste n’apparaît-elle pas au Chef de l’Etat comme un conflit d’intérêt au regard des activités de son entreprise ? Une simple question de bon sens !
 
Cela interpelle par ailleurs les responsables de l’Eglise catholique qui ont toujours dénoncé le mélange des genres et le manque d’éthique parce que la présidence du conseil d’administration de la société a toujours été assumée par une de ses éminentes personnalités ! En outre, où est-ce que le Chef de l’Etat qui prêche la paix et la cohésion nationale a-t-il trouvé les ressources pour nommer Monsieur Arifari Bako au Ministère des Affaires Etrangères  après sa conduite calamiteuse, partisane et contestée de la LEPI ?  Parce qu’il a servi un camp qui a gagné l’élection avec une LEPI truquée ?  Il faut vraiment être Monsieur Boni Yayi pour poser un tel acte et de manière aussi flagrante.  Cette décision donne raison à tous ceux qui pensent que Monsieur Bako a été instrumentalisé pour orienter la LEPI pour favoriser le candidat Boni Yayi et cela ne crée pas les conditions de paix tant chantée dans le pays.
 
C’est aussi au manque d’éthique du Chef de l’Etat qu’il convient d’attribuer son entreprise de débauchage des cadres et personnalités membres des partis politiques ne soutenant pas ses actions. De mémoire d’homme, jamais l’argent n’a circulé autant en politique comme cela est le cas depuis 2006.  On parle de centaines de millions, voire de milliards de francs déboursés et partagés pour débaucher des personnalités, parfois pour nuire aux partis politiques et faire sensation face aux populations.  Le ralliement de personnalités ayant déjà fait leur temps dans la vie politique de notre pays ainsi que le recrutement d’autres qui ont fait tous les régimes sans que notre pays ne connaisse jamais une avancée notable au plan économique sont à inscrire sur ce registre.  Cette attitude qui s’apparente au manque de sincérité de ces personnalités face à l’incapacité notoire du Chef de l’Etat de mener notre pays à bon port est une forme de corruption en même temps qu’elle constitue une grande complicité pour retarder le développement du pays.  Dans les cercles restreints, ces personnalités ne manquent pas de gloser sur cette incapacité, mais se sont acharnés pourtant à favoriser sa réélection frauduleuse et s’évertuent à continuer de le soutenir.  L’histoire jugera tous ceux-là, étant donné que leur attitude constitue un crime contre le pays.
 
Y a-t-il aujourd’hui une seule personnalité morale crédible capable d’être entendu et pour peser sur la gouvernance de ce pays aujourd’hui ?  Non ! Cela n’existe pas parce que l’argent est passé par là.  Après cinquante années de souveraineté, c’est ce que notre pays est devenu et il y a pourtant des cadres qui s’en réjouissent curieusement.
  1. 4. Quid de la refondation?
 
C’est avec les paramètres décrits plus haut et le contexte socio-politique marqué par le déficit criard de dialogue social qu’on nous annonce la refondation. Encore un concept nébuleux et fumeux pour amuser la galerie et occuper l’esprit des populations. Dans un pays sérieux, le candidat qui propose la refondation devrait avoir expliqué de fond en comble, ce qu’il y met et ce que cela apportera au pays, dans sa quête de développement.
 
Comment un Président qui a aligné tant de scandales financiers non élucidés et qui est incapable d’engager et de tenir un dialogue avec les travailleurs peut-il parler de refondation ? Un Président qui n’a pas voulu d’un processus électoral transparent et qui, malgré la manipulation de la LEPI a dû faire un hold-up électoral peut-il faire la refondation du Bénin ?
 
Tout le monde a lu les memoranda des anciens Ministres Soulé Mana Lawani, Armand Zinzindohoué ainsi que celui de l’ancien Procureur Général Georges Constant Amoussou. Le Président a-t-il déjà répondu aux accusations portées contre lui par des personnalités aussi proches pour prétendre refonder notre pays ?
 
Depuis 2006, aucun Béninois qui pense autrement que le Chef de l’Etat n’a le droit et ne peut participer à un débat sur l’ORTB.  Pire, le processus d’octroi de nouvelles fréquences de radio sonore et de télévision a été interrompu par la HAAC pour éviter que des opposants créent des organes audio-visuels pour lui porter la contradiction.  Cela est contraire à la constitution en même temps qu’il est inadmissible. Quelle croissance veut-on avoir si on ne libère pas la parole dans un Etat supposé être sous le règne du droit et de la loi ? Ainsi notre pays, classé en tête de peloton par Reporters Sans Frontières sous le régime du Général Mathieu Kérékou a connu un déclin significatif de plusieurs points sur le terrain de la liberté de presse, à cause d’une politique d’obstruction à l’accès aux médias d’Etat d’une part et de l’achat systématique d’une grande partie de la presse pour chanter les louanges du Président et de son régime incompétent, d’autre part.
 
Une véritable tragédie se joue sous nos yeux et personne n’en parle.  On préfère encenser le Chef de l’Etat et aller vers la marmite pour se servir, comptant sur la générosité et sa propension à donner sans compter.
 
Si quelqu’un doit refonder le Bénin, ce n’est certainement pas le Chef de l’Etat actuel. C’est ma conviction et celle de bon nombre inimaginable de Béninois qui observent et qui suivent pour voir jusqu’où il ira dans ses dérives. Ceux qui pensent le contraire sont dans leur droit, mais donnons-nous tous rendez-vous en 2016 pour voir dans quel état politique, économique et social sera notre pays avec la gouvernance actuelle. A suivre dans la prochaine parution…
 
Napoléon BIDOSSESSI, LausanneSuisse

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire