AGBOARM

AGBOARM
agir ensemble | act together

vendredi 9 juillet 2010

Gestions calamiteuses dans une de nos ambassades à l’Etranger

Gestions calamiteuses dans une de nos ambassades à l’Etranger. 


Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les autorités en charge de la diplomatie béninoise, au lieu de donner un coup de fouet aux relations internationales, mettent tout en oeuvre pour détruire les actions du chef de l’Etat.
De quoi s’agit-il en réalité ?
Dans le cadre de la mobilisation des ressources extérieures, pour le développement du Bénin, le bon réflexe aurait voulu que les diplomates accrédités à l’étranger et surtout en Asie soient à la hauteur de la mission à eux confiée. Mais contre toute attente, le Bénin a choisi de faire confiance à un allogène pour diriger sa représentation nationale dans un pays asiatique.
Les carences de ce diplomate sont connues surtout lorsqu’on se refère à son passé dans un pays de la sous région où il a séjourné dans une institution financière. La situation crée par cet ambassadeur de par sa méthode de gestion des hommes que par celui des dossiers, des ressources financières ainsi que l’utilisation de sa position pour gérer ses propres affaires au détriment du pays qui l’a nommé… etc. doit interpeler les autorités politiques au plus haut niveau en vue de ne permettre le pourrissement d’une situation qui ne pourra que ternir l’image de notre pays.
L’intéressé se trompant d’époque, se targue d’avoir de bonnes relations avec le Chef de l’Etat.Mais c’est ne pas connaître le Chef de l’Etat, et ce n’est pas l’ancien ministre des Finances qui en dirait le contraire.
Nous reviendrons plus largement sur ce dossier dans nos prochaines parutions.
Aux dernières nouvelles, nous apprenons de sources généralement bien informées que les autorités du MAEIAFBE et même le Palais de la république seraient informés.

Article original, par dp 24 H au Bénin 
www.24haubenin.com  


ICCGATE Le gouvernement de Yayi Boni complice d’une vaste escroquerie

Le parti communiste du Bénin (PCB) vient de prendre position sur un sujet d’actualité : l’affaire ICC-Services. Situant les responsabilités, lce parti estime que l’Etat a failli a sa mission première d’éduquer le peuple et de le protéger contre toute entreprise illégale.
Toutes les actions engagées depuis peu par le Gouvernement, sont jugées, de poudre jetée aux yeux du public.
 
Extrait de la déclaration du PCB
L’affaire « Investment- Consultancy and Computering Services » communément connue sous le nom d’ICC-Services et plus généralement l’affaire dite des structures de placement d’argent depuis quelque temps n’a cessé de défrayer la chronique dans notre pays. Et en ce début de mois de juillet, elle est venue au devant de l’actualité politique. Interpellations de principaux responsables d’ICC-Services dont le PDG, Guy AKPLOGAN, le DG, Ludovic DOHOU et six Chefs d’agence ; conseil extraordinaire des ministres le 1er Juillet consacré au dossier ICC-Services et passage à la télévision nationale du ministre des Finances le dimanche 04 juillet dernier.
L’affaire est d’importance en effet, car selon les premiers éléments d’informations dont nous disposons, il y va de la vie de dizaines de milliers de nos concitoyens qui sont concernés dans cette affaire de placement d’argent. Selon le journal DJAKPATA du 30 juin 2010 : « S’il y a aujourd’hui un autre malheur qui frappe le peuple béninois après les sévices de la crise financière et alimentaire…c’est bien la crise financière d’ICC Services, une structure de placement d’argent qui, selon les estimations, plonge en ce moment plus de 150.000 Béninois dans le dénuement et la précarité de l’existence ». Et toutes les couches sociales sont concernées et en particulier les pauvres, groupements de femmes bénéficiaires de microcrédits aux plus pauvres, enseignants, petits commerçants, responsables d’associations de tous genres, tontiniers, gagne-petits de tous genres etc. Ils y ont mis leurs maigres et dernières fortunes, certains ont contracté des emprunts auprès des banques et institutions financières de la place, d’autres encore qui ont à leurs dispositions des caisses d’associations et même des fonds publics, attirés par les rémunérations mirobolantes ont pris le risque de prendre sur ces fonds pour les déposer en placement d’argent pour les intérêts qu’on sait 150% à 200% l’an. Tous ces gens et leurs familles désormais ruinés, voient avec désespoir la perte de leur argent et vivent une grande désolation. Des chiffres astronomiques sont avancés : on parle de quarante milliards de FCFA et même d’une centaine de milliards que ICC-Services et autres structures de placement d’argent ont collecté à nos pauvres populations et ce, pendant quatre ans ! Le système pratiqué par ICC Services et autres comme NTIC Services, EICC International, MICC International, connu sous le nom « d’épargne pyramidale » consiste à payer les intérêts des anciens épargnants avec l’argent des nouveaux arrivants. Ainsi pratiqué, il existe un fossé qui ne cesse de creuser entre l’argent encaissé et celui dû à l’ensemble des épargnants. Le système va durer jusqu’au moment où certains événements contribueront à sa fin. C’est le système Ponzi, repris par Bernard MADOFF aux Etats-Unis. On en a connu aussi récemment en Côte-d’Ivoire. Il s’agit là d’une « vaste escroquerie » comme le déclare le Ministre de l’Economie et des Finances. C’est la plus gigantesque arnaque privée dont le peuple béninois a été victime depuis les 50 ans d’indépendance nominale de notre pays ! Mais la question qui est posée est de savoir qui en est responsable ? Certains, tout en déplorant la chose stigmatise « le goût de gain facile » du Béninois, « la dégradation des valeurs éthiques au Bénin » et appelle à « un réarmement moral ». Certes, il faut déplorer la naïveté et l’appât du gain facile qui ont conduit bon nombre de nos concitoyens à ce désastre.
Mais où sont l’Etat et plus particulièrement le gouvernement dont les premières missions sont de protéger et d’éduquer la population, notamment contre des entreprises illégales ?
Face au mécontentement général et à l’explosion qu’une telle situation risque de provoquer que dit le Gouvernement de YAYI Boni ?
Selon le Conseil des ministres sur le dossier ICC Services,
1° : « Il est noté que depuis quelque temps, des structures de collecte de l’épargne et de placement d’argent se sont installées dans notre pays sans avoir reçu l’autorisation du ministre de l’économie et des finances ». $
2° : Ces structures pratiquent des« taux d’intérêts mirobolants avoisinant ou dépassant 50% le trimestre, soit 200% l’an ».
3° : Suite aux premières alarmes des banques en août 2009, le Ministre de l’Economie et des Finances a mené un certain nombre d’actions dont entre autre une « plainte déposée contre les dirigeants de ces structures auprès des services judiciaires ».
4° :« Malgré toutes ces mesures, ces structures ont continué d’opérer ».
5° : C’est « Face au silence et à l’inaction de la justice qui est le dernier rempart pour mettre un terme à ces activités menées illégalement, notamment celles d’ICC Services que le gouvernement a pris les mesures ci-après ».
Le Ministre des finances est allé dans le détail à la télévision en faisant deux affirmations : la première : « Au début, nous avons cherché à avoir des informations mais ils (les responsables des structures de placement) nous avaient opposé un refus catégorique ». La deuxième : « Nous avons saisi en son temps la justice qui n’a pas fait son travail ».
Il suffit de prendre ces deux derniers arguments pour voir la fausseté de la position du gouvernement. Comment des responsables de structures de collecte de l’épargne et de placement de fonds qui n’ont pas reçu une autorisation du ministre des finances peuvent-ils opposer un refus catégorique à une enquête de ce ministre ? Et face à ce « refus catégorique » quelle a été la réaction du ministre des finances ? Et à propos de la justice qui serait saisi par le gouvernement et qui n’aurait pas fait son travail, cet argument démontre encore une fois comment le gouvernement YAYI Boni use du faux. L’on sait que le Parquet (Procureurs Généraux et procureurs de la république) dépend directement du Garde des sceaux, Ministre de la Justice et est à ses ordres. Et à ce titre aucune justice ne peut se désintéresser d’une affaire et « garder le silence » si le Ministre de la Justice et donc le gouvernement y tiennent. Et puis que la justice qui est « le dernier rempart pour mettre un terme à ces activités menées illégalement » est si passive, si « inactive », pourquoi y-a-t-on encore recours pour sanctionner les arnaqueurs ?
Comment comprendre que des structures de collecte de l’épargne non agréées, aient pu exercer pendant 4 ans dans le pays, collecter des milliards et pratiquer des taux d’intérêts exorbitants en violation de la législation bancaire et ce, au vu et au su de tout le monde, sans la complicité du gouvernement ?
Cette complicité au vu de tout ce qui s’est passé ne fait l’ombre d’aucun doute. En effet Boni YAYI leur a servi de caution morale dans le cadre de leur activité. En effet le Chef de l’Etat, Boni YAYI, alors que les activités de ces structures étaient manifestement illégales et potentiellement dangereuses pour la population, non seulement n’a rien fait pour y mettre fin, bien au contraire, a reçu les dirigeants à plusieurs reprises. Selon les sources concordantes, ces dirigeants eux-mêmes ne manquent aucune occasion pour souligner leurs activités de bienfaisance au Chef de l’Etat et notamment le financement des activités de la Première Dame.
« Ainsi au vu et au su de l’Exécutif, les structures de placement d’argent et d’épargne de fonds ont fait leur apparition dans l’illégalité la plus flagrante favorisée par une complicité sans pareil entre les promoteurs et les dirigeants du pays. Des apparitions publiques montrant les responsables d’ICC Services dans un rôle de Père Noël offrant des cadeaux et leur assistance aux populations sous le couvert d’un parrainage gouvernemental sont légion » écrit le journal « Le Matinal » du 05 juillet 2010. Le gouvernement de YAYI Boni n’est-il pas co-auteur de cette vaste escroquerie dont le peuple est victime ?
Cotonou le 06 Juillet 2010. Le Parti Communiste du Bénin

mardi 6 juillet 2010

La reine appelle l'ONU à répondre aux dangers mondiaux


Devant les représentants des 192 pays membres de l'ONU, la souveraine a rappelé les changements spectaculaires que le monde a connus depuis sa dernière visite au siège de l'organisation, en 1957.
 
Photo: Jessica Rinaldi, Reuters
La reine Élisabeth II a mis au défi mardi les Nations unies de devenir le fer de lance de la réponse internationale aux menaces mondiales, et de promouvoir la prospérité et la dignité de tous les habitants de la terre.

Devant les représentants des 192 pays membres de l'ONU, la souveraine a rappelé les changements spectaculaires que le monde a connus depuis sa dernière visite au siège de l'organisation, en 1957, notamment dans les sciences, les technologies et les attitudes sociales. La reine a aussi souligné qu'à l'époque, les Nations unies n'étaient engagées que dans trois missions internationales, contre 26 aujourd'hui.

Elle a également fait l'éloge des objectifs et des valeurs de l'ONU qui ont su perdurer -la promotion de la paix, de la sécurité et de la justice, la lutte contre la faim, la pauvreté et les maladies et la protection des droits et des libertés de chaque personne.

La reine a affirmé que pendant six décennies, l'ONU avait aidé à forger la réponse internationale aux menaces mondiales, et que le défi était désormais de continuer à faire preuve de leadership en ce sens.

La reine Élisabeth II et son mari, le prince Philip, sont arrivés à New York mardi après-midi après avoir quitté le Canada au terme d'une visite de neuf jours.


Publié le 06 juillet 2010 à 18h29 .
Associated Press- New York

Lyon : un rythme scolaire « à l'allemande » dès la rentrée

A LA UNE....
Depuis vendredi dernier, l'ensemble des écoliers est en vacances. Une longue pause de deux mois qui contraste avec les systèmes étrangers. Faut-il des semaines de travail allégées mais plus nombreuses ou, comme cela se fait actuellement, un calendrier plus court mais plus dense ? Alors que le ministre de l'Education nationale a relancé le débat, Lyon s'engage en faveur d'un retour aux quatre jours et demi d'école. http://www.lyoncapitale.fr/
Peut-on contenter tout le monde sur les rythmes scolaires dans le primaire ? La solution idéale, sachant allier les besoins de l'enfant et les impératifs des nouveaux modèles de la famille, semble difficile à trouver. Le 7 juin dernier, le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, a décidé de lancer un plan de réflexion. Plusieurs points seront mis sur la table et débattus dans les académies du 15 septembre au 15 décembre prochain. En mai 2011, des pistes seront enfin proposées après une synthèse des idées obtenues. Mais quels sont les points de discorde ?
Quatre jours ou quatre jours et demi ?

Alors qu'il était ministre en poste, Xavier Darcos a aménagé la semaine de quatre jours d'enseignements, contre quatre jours et demi auparavant. Bien que la décision appartienne aux conseils d'école après consultation de la commune, les quatre jours sont désormais préconisés au niveau gouvernemental. Ce qui n'a pas été sans problème.
Les arguments pour le samedi et le mercredi chômés sont principalement d'ordres familiaux. En effet, les réformes Darcos partent du principe que la famille a changé et que l'école doit s'adapter à ces nouvelles dispositions. Familles recomposées, parents ne pouvant voir leur enfant que le week-end ou encore activités extrascolaires le mercredi matin.
Démonstration insuffisante selon les associations de parents d'élèves qui, pour la majorité, sont pour la semaine des quatre jours et demi permettant « d'alléger la semaine déjà bien chargée des enfants », affirme Julien Delaverne, parent d'élève à la FCPE. Il ajoute :
« Bien qu'étant une demi-journée propice à l'absentéisme, la nécessité d'une matinée supplémentaire permet de réduire les heures hebdomadaires et de faire des activités culturelles ou bien sportives, moins difficiles à assimiler pour l'enfant. »
La France est l'un des pays européens où la durée hebdomadaire d'enseignements est la plus importante : 24 heures par semaine organisées à raison de six heures par jour maximum. A cela, il faut ajouter l'aide personnalisée de deux heures mise en place par les réformes Darcos.
En passant à quatre jours, les journées se sont donc alourdies des heures initialement prévues le samedi matin. André Abeillon, membre du réseau des enseignants du primaire en résistance pédagogique, affirme :
« Au sein du corps enseignant, une majorité des collègues sont pour les quatre jours. Cela leur permet d'avoir des week-ends complets. Je suis un “désobéisseur” qui se soucie plus du bien-être de l'enfant plutôt que de son propre intérêt. »
Mais bien au-delà des heures du samedi matin, c'est l'organisation concrète de la semaine qui est mise en cause.
Mathématiques le matin et sport l'après-midi

Le modèle allemand semble avoir la cote auprès des parents et des enseignants. Celui-ci permet l'apprentissage des enseignements fondamentaux le matin (histoire, français, mathématiques), associé à un temps du midi plus calme pour le repos de l'enfant. L'après-midi est dédié au sport et aux activités culturelles. Malgré l'orientation vers ce modèle, de nombreuses questions pratiques se posent.
Dans son article, « Aménager le temps scolaire, pour qui ? », paru dans la revue Enfances et Psy, François Testu, professeur de psychologie et doyen de l'UFR Arts et Sciences humaines à l'université François Rabelais à Tours, écrit :
« Aujourd'hui, nous savons scientifiquement que le début de matinée et l'après-déjeuner sont de mauvais moments, tandis que le milieu et la fin de matinée pour tous les enfants, et la fin de l'après-midi pour les plus âgés de l'école primaire, sont de bons moments. Aussi les enseignants doivent-ils tenter de placer à ces bons moments les apprentissages et les activités demandant le plus d'attention et d'effort cognitif. Au contraire, les moments reconnus comme moins favorables peuvent être occupés des contenus plus ludiques. »
Ce modèle allemand, préconisé par le psychologue, a été expérimenté à Lyon où la municipalité se bat pour tenter de réinstaurer la semaine de quatre jours et demi.
Lyon à rebours
La municipalité de Lyon et plus particulièrement Yves Fournel, adjoint en charge de l'Education et de l'Enfance, ont voulu continuer à utiliser les neuf demi-journées d'école dès mai 2009. L'adjoint lyonnais aurait souhaité que les conseils d'école, s'ils le souhaitent, puissent revenir au rythme antérieur. Après un refus de Luc Chatel, les négociations ont repris pour arriver à l'expérimentation d'un nouveau système calqué sur le modèle allemand.
Le projet a été présenté à tous les acteurs : familles, agents municipaux et ville de Lyon. Puis un vote a permis aux parents de s'exprimer avant que le conseil d'école puisse l'adopter. Le nouveau calendrier, lancé dès la rentrée 2010, réserve les temps du midi comme des temps calmes encadrés par des animateurs titulaires du BAFA pour un ratio de quinze enfants par adulte.
Il prévoit aussi que la classe soit dispensée le mercredi matin de 8h30 à 11h30 et les autres jours de 8h30 à 11h30 et de 13h45 à 16h30 suivi d'ateliers périscolaires jusqu'à 17h30. Les journées seront ainsi de six heures d'école maximum mais coupées et cassées par des activités plus ludiques telles que la musique, la découverte culturelle et le sport l'après-midi.
Mais l'école le mercredi matin et les activités de l'après-midi soulèvent quelques interrogations. Françoise Rennaux-Baron, présidente Rhône de la Peep, prévient :
« Nous sommes ouverts à toute discussion, mais à qui reviendra la charge des activités sportives ou culturelles ? Les instituteurs ne sont pas formés à ça et il ne faudrait pas que ces activités soient un coût supplémentaire pour les parents qui sont déjà accablés de charges. »
Le cheval de bataille de la Peep n'est pas tant la répartition hebdomadaire du temps scolaire que la durée des vacances qui devrait être réduite pour permettre aux enfants de travailler moins pendant la journée.
La fin des grandes vacances ?
Sur ce point du débat, les associations de parents d'élèves et les professeurs semblent trouver un terrain d'entente. La Peep propose de réduire les départs en vacances à deux zones au lieu de trois afin d'harmoniser les calendriers. Et de grignoter les grandes vacances de deux semaines pour alléger les journées. Une option qui va à l'encontre des propositions ministérielles qui seraient de zoner aussi les grandes vacances.

Mais il semble que le ministère se préoccupe surtout de favoriser l'industrie du tourisme afin de charger encore plus les semaines de réservations pendant l'été. Pourtant, selon les spécialistes, l'alternance de sept semaines de cours coupées par deux semaines de vacances serait la meilleure solution. C'est d'ailleurs pourquoi la FCPE insiste pour que les élèves finissent leur congé estival mi-août et aient une réelle coupure de deux semaines à la Toussaint au lieu des dix jours actuels.

Illustration : une salle de classe (Tim Douet/Lyon Capitale)

A lire aussi sur Rue89 et sur Eco89

► Faut-il renoncer à la semaine de quatre jours ?

Ailleurs sur le Web

► L'article original, sur LyonCapitale.fr

Diplomatie : « Le Quai d'Orsay est un ministère sinistré »

A débattre / Diplomatie : « Le Quai d'Orsay est un ministère sinistré »

C'est une goutte d'eau dans la tempête que traverse le pouvoir de Nicolas Sarkozy, mais le cri d'alarme commun lancé mardi par Alain Juppé et Hubert Védrine sur la « casse » de l'appareil diplomatique français mérite qu'on s'y attarde. Les deux signataires de cet appel, publié dans Le Monde, ont tous deux dirigé le Quai d'Orsay ; le premier appartient à l'UMP, le second à l'opposition socialiste.
Au même moment, un homme fraîchement débarqué comme ambassadeur de France, l'écrivain Jean-Christophe Rufin, lance une charge particulièrement violente contre la manière dont est gérée la diplomatie française, notamment en Afrique où il était lui-même basé, visant aussi bien le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner -dont il fut pourtant un proche- que l'Elysée.
Ces prises de position simultanées illustrent à la fois une inquiétude par rapport à la dégradation de l'outil diplomatique, caractérisé par des baisses de budget et d'effectifs, mais aussi sur la perte d'influence qu'elle va générer pour la France à un moment de redéfinition des rapports de force internationaux, avec l'émergence de pays comme la Chine ou le Brésil.
« L'instrument est sur le point d'être cassé »
Alain Juppé, qui fut ministre des Affaires étrangères d'Edouard Balladur de 1993 à 1995, et Hubert Védrine qui occupa les mêmes fonctions sous Lionel Jospin, de 1997 à 2002, s'inquiètent des baisses budgétaires et des non remplacements de fonctionnaires au Quai d'Orsay supérieurs à l'effort demandé à l'ensemble de la fonction publique. Ce sont en effet trois départs à la retraite sur quatre qui ne seront pas remplacés jusqu'en 2013, contre un sur deux pour l'ensemble du pays.
Ils lancent cette mise en garde :
« L'effet est dévastateur : l'instrument est sur le point d'être cassé, cela se voit dans le monde entier. Tous nos partenaires s'en rendent compte.

Pourtant, dans la compétition multipolaire, où tout se négocie en permanence avec un grand nombre d'interlocuteurs qu'il faut connaître avec précision, la France a plus que jamais besoin de moyens d'information et d'analyse. »

Le Quai d'Orsay, un ministère « sinistré »

Egalement dans Le Monde, Jean-Christophe Rufin, dont la mission d'ambassadeur à Dakar a brutalement pris fin il y a quelques jours pour céder la place à un remplaçant nommé de concert par le président sénégalais Abdoulaye Wade et l'Elysée, qualifie le ministère des Affaires étrangères de « sinistré ». Il s'explique :

« D'un côté, il y a un Quai d'Orsay qui sert de vitrine à la fois “people” et morale et, de l'autre, une realpolitik faite par-derrière et par d'autres.
M. Kouchner a réorganisé le ministère des Affaires étrangères à la manière d'une organisation non gouvernementale (ONG). Il a créé une “direction de la mondialisation” au titre ronflant, qui laisse entendre que la France peut régler les problèmes du monde. Mais quand vous pénétrez dans les bureaux, vous découvrez deux personnes sans aucun moyen, supposées lutter par exemple contre le réchauffement climatique !
Le Quai d'Orsay est aujourd'hui un ministère sinistré, les diplomates sont dans le désarroi le plus total, car ils ne se sentent pas défendus. »
Jean-Christophe Rufin, qui fut un acteur de l'humanitaire à la même époque que Bernard Kouchner, reproche au ministre des Affaires étrangères d'avoir renoncé à s'imposer dans la politique africaine au profit du secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, et d'un conseiller occulte très coloré « Françafrique », Robert Bourgi, survivant de l'ère Foccart, le « monsieur Afrique » du général de Gaulle.

La disparition d'un trait de plume, après le départ d'Alain Joyandet ce week-end, du poste historique de secrétaire d'Etat à la Coopération confirme bien, de fait, que les décisions se prennent ailleurs…
« On écoute trop les réseaux »
Que la politique africaine ait toujours été contrôlée à partir de l'Elysée est une évidence. Mais les temps changent, selon Rufin, qui compare les réseaux d'aujourd'hui et ceux d'hier :
« Ils sont construits à l'inverse des réseaux Foccart qui existaient du temps du général de Gaulle. Jacques Foccart avait ses défauts mais on ne pouvait lui dénier le sens de l'Etat. Ses réseaux occultes étaient censés servir les intérêts de la France. Aujourd'hui, il s'agit de réseaux de lobbying qui cherchent à faire valoir les intérêts de tel ou tel régime africain auprès des autorités françaises. […] Je pense qu'ils sont trop écoutés. »
Cette sortie de Jean-Christophe Rufin a provoqué la colère de Bernard Kouchner qui a traité son ex-ami et collaborateur par le mépris :
« De qui parlez-vous ? Ah ! L'homme que j'avais nommé, qui n'était pas ambassadeur, et qui n'est pas content que je ne lui téléphone pas alors qu'il a demandé lui-même à partir… »
Cet aspect de la polémique n'est pas l'essentiel. Le vrai débat, qui n'aura sans doute pas lieu en raison de la démission du Parlement sur la politique étrangère et le peu d'intérêt de l'opinion publique, est celui des ambitions et des moyens de la diplomatie française.
Un débat que Nicolas Sarkozy fera tout pour éviter alors qu'il s'apprête à prendre la tête du G8 et du G20, avec la ferme intention d'utiliser cette tribune internationale dans sa stratégie de reconquête électorale pour 2012.
Photo : Bernard Kouchner dans les couloirs du Quai d'Orsay avant de rencontrer Tzipi Livni, son homologue israélienne, le 1er janvier 2009 (Charles Platiau/Reuters)

Article de  Pierre Haski  Rue89 - 06/07/2010