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dimanche 23 décembre 2012

Il n’y a plus d’opposition au Bénin


(La Nouvelle Tribune (Bn) 21/12/2012) 

Cette phrase ne vient pas de moi. C’est un extrait d’une déclaration faite il y a quelques jours par Dissou Akogbéto, fraîchement élu président du parti politique Mrd-Csp à Sèmè Kpodji.

Alors qu’il accordait une interview à la presse, cet homme peu connu du grand public mais chantre invétéré des idéaux du changement et de la refondation depuis 2006, a fait une déclaration assez importante : «vous savez, au Bénin actuellement il n’y a plus d’opposition». Membre actif des Forces Cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), la coalition des forces politiques qui soutiennent les actions du Chef de l’Etat, il a projeté, sans trop s’en inquiéter, l’image assez ignoble d’une démocratie de plus en plus dépréciée. Celle d’un monolithisme politique où l’opposition se réduit comme une peau de chagrin et où des populations de telle ou telle commune peuvent venir à la télévision pour se féliciter de ne pas avoir l’opposition chez elles. Dans ce petit pays du Golfe de Guinée, jadis parangon de la démocratie en Afrique, la chaîne nationale de télévision ne projette depuis 2006 que les seules images du Chef de l’Etat et de ses ouailles.

Dans ce pays qui a fait rêver le monde par sa démocratie, la pratique de l’opposition passe pour de la sorcellerie. Tout le monde craint de passer un coup de fil à un parent qui fait l’opposition, de lui rendre visite ou même de le saluer dans les rues. Les institutions de la République donnent l’impression de n’être que des institutions inféodées, dirigées par des militants politiques chevronnés. Les ministres, les Dg des sociétés et même des diplomates en poste à l’extérieur ne méritent leurs postes qu’au prorata de leur militantisme, de leur promptitude à diaboliser l’opposition et de leur rapidité à organiser des marches de soutien. Dans ce pays dont la qualité de la démocratie a entraîné un grand tropisme des bailleurs de fonds de plusieurs pays du monde entre 1991 et 2006, on n’est plus trop libre de dire ce qu’on pense.

A maintes reprises, des hommes politiques ont été empêchés de se prononcer sur des sujets de l’actualité nationale. Chaque fois qu’un opposant tente de «critiquer» le gouvernement ou de faire des propositions qui contredisent celles du gouvernement, il est systématiquement attaqué par des griots du pouvoir. Le gouvernement a développé une sorte d’allergie à la contradiction. Cette pression a rendu l’opposition paresseuse, trop prudente et même poltronne. Au fil des jours, les dernières espèces d’hommes politiques de conviction, rompus à l’art de la contradiction politique ont commencé à disparaître. D’autres ont simplement décidé de jeter la clé sous le paillasson et certains ont abdiqué en se ralliant à la majorité présidentielle. On a même entendu un député de l’opposition dire qu’il a rejoint le Chef de l’Etat afin que ses parents au village puissent bénéficier d’infrastructures et de projets de développement.

Aujourd’hui, tout se passe dans le pays comme s’il n’y a plus d’opposition. La Rb qui a toujours été de l’opposition a rejoint la «majorité présidentielle plurielle». Le Prd, bien qu’ayant fait une déclaration d’appartenance à l’opposition, flirte avec le Président Boni Yayi. Seul un résidu de la classe politique, l’Union fait la nation(Un), peut être compté comme une force de l’opposition. Nonchalante, pareuse et même peureuse, cette union a fini par devenir un tigre en papier. Ses ténors se la bouclent tous et certains parmi eux rasent les murs de la Marina la nuit pour des strapontins. Le mélange du genre est devenu la règle d’or. Notre opposition se nourrit de manœuvres subreptices, d’accords et de deals impossibles, de transhumances spectaculaires et de cohabitations indigestes. Une telle république peut-elle encore être appelée démocratie?


par Marcel Zoumènou


© Copyright La Nouvelle Tribune (Bn)


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mardi 11 décembre 2012

Affaire ''tentative d'empoissonnement du chef de l'Etat'' La bataille juridique a commencé


 (Les derniers rebondissements donnent une mauvaise image du Bénin et de son appareil judiciaire)

(Adjinakou 10/12/2012)

Le week-end écoulé a été riche en rebondissements dans l'Affaire “tentative d'empoisonnement du chef de l'Etat”. Seulement, les nouveaux évènements qui, ces trois derniers jours, ont fait parler d'eux dans cette “affaire rocambolesque” n'honorent pas forcément notre pays et son appareil judiciaire.

On ne finira pas d'en parler de si tôt. De nouveaux éléments sont apparus qui renseignent mieux sur l'évolution du dossier et gardent le Bénin au centre de l'actualité mondiale. C'est du déjà connu : l'homme d'affaires Patrice Talon désigné présumé commanditaire de la supposée " tentative d'empoisonnement du chef de l'Etat " a été interpellé à Paris, où il réside depuis plusieurs mois, et fut relaxé en 24 heures, placé sous contrôle judiciaire. L'extradition annoncée de l'homme est devenue alors une préoccupation pour les appareils judiciaires béninois et français ; sauf que les motivations et les intérêts ne sont pas les mêmes. Il s'en est suivi, en début de week-end, une sortie médiatique des avocats du médecin personnel du chef de l'Etat Mama Cissé, soupçonné dans ledit dossier, curieusement censurée dans les médias audiovisuels,


Faits nouveaux
Depuis sa geôle à Missérété, l'homme aurait, selon sa défense et par une lettre ouverte adressée au président Boni Yayi, dénoncé les agissements du Directeur de cabinet du ministère de la Défense, le Général de Brigade Sèmagan Cocou Lègba et du Commandant Serge Chabi du 1er B/A qui lui auraient rendu visite pour négocier qu'il fasse une déclaration partisane. " Ils sont venus en votre nom Monsieur le Président et m'ont fait recopier sous pression une demande d'audience en mon nom et au nom de Mademoiselle Kora Zoubératou. Respectant l'Institution que vous représentez, j'ai obéi ignorant que c'était destiné à des fins de propagandes. Je demande à l'ensemble de la presse béninoise de ne plus publier des écrits supposés venus de moi si ces écrits ne viennent pas de mes deux conseils que sont Maître Saïzonou-Bédie et Maître Charles Badou." peut-on lire dans ladite correspondance du médecin qui dit avoir confiance à la justice. Et comme la réponse du berger à la bergère, la réplique du général ne s'est pas fait attendre. Lors d'un point de presse suffisamment relayé, le directeur de cabinet du ministre de la Défense a balayé du revers de la main toutes les allégations faites par le médecin militaire dans sa lettre ouverte exhibée par ses avocats. Selon lui le motif de sa visite au prévenu à la prison de Missérété était d'aller l'écouter en prélude à sa traduction en conseil de discipline militaire. Il confie alors que les propositions de sanctions sont prêtes et seront transmises au ministre de la Défense, qui n'est autre que… Boni Yayi. Il précise de même que sa visite a été autorisée par le ministre de la Justice Marie Elise Gbèdo.


Bataille juridique
A bien y voir, les choses risquent d'aller plus loin dans cette affaire où des zones d'ombre subsistent. Au-delà donc de la guerre de déclaration par médias interposés, nationaux comme internationaux, la bataille autour de l'extradition ou non de Patrice Talon sera également et essentiellement juridique. Les derniers développements avec la guerre d'usure entre Me William Bourdon et le procureur Justin Gbénamèto en disent long. Pour l'avocat de Patrice Talon " le Bénin est incapable de fournir des pièces de procédure ", et que cette dernière " va tomber toute seule ". " Il y a toute une série d'éléments qui suggèrent nettement que cette thèse d'un empoisonnement dans un hôtel bruxellois est une farce, ajoute-t-il. Donc, je suis globalement confiant sur l'issue de la procédure. " Me Bourdon estime par ailleurs que l'intégrité physique de son client serait menacée en cas d'extradition. Au moyen de sa défense Me Bourdon fait de sévères réquisitions contre la justice béninoise à travers la moralité de ses acteurs (les déclarations du garde des Sceaux sur la corruption), les détentions arbitraires... Au procureur Justin Gbénamèto de contester sur RFi " Nous avons déjà donné la garantie aux autorités françaises que les lois béninoises sont respectueuses des droits humains, justifie-t-il. Le Bénin fait partie des pays où les libertés sont les plus respectées au monde, et nous avons une justice sûre."


Encore du chemin…
Selon l'accord de coopération judiciaire qui le lie à la France, le Bénin doit adresser la demande d'extradition par voie diplomatique à la France tout en l'accompagnant soit de l'original, soit de l'expédition authentique ou d'une décision de condamnation exécutoire, ou d'un mandat d'arrêt ou encore de tout autre acte ayant la même force et décerné dans les formes prescrites par la loi de l'Etat requérant. La justice française à son tour appréciera les pièces versées au dossier. Patrice Talon quant à lui présentera les pièces qui plaident en sa faveur et qui prouvent le caractère politique du dossier.

Le processus est donc enclenché depuis ce week-end et une délégation béninoise composée du procureur de la République, le Commissaire central de la ville de Cotonou et le chef des Services de renseignements de la présidence se sont envolés dans la nuit de ce samedi 08 décembre 2012 pour la France où ils rencontreront les juges français. Vu que la crédibilité et la capacité de la justice béninoise à disposer de preuves sérieuses pèseront fort dans la balance, l'observateur se met déjà à l'évidence de ce que, sur la base, de la réquisition l'avocat français de Patrice Talon, des dénonciations du Dr Cissé, des déclarations du garde des Sceaux dénonçant la corruption qui gangrène la justice béninoise, et quelques autres faits de violation des droits de l'homme, souvent dénoncés par les organisations de défense des droits de l'homme et de la société civile, que l'équipe gouvernementale aura affaire à forte partie.

Vitali Boton

© Copyright Adjinakou


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Menace grave sur la liberté de presse au Bénin : embargo sur la conférence de presse des avocats du Dr Cissé et de Zoubé


(La Nouvelle Tribune (Bn) 10/12/2012) 

Le Bénin ne devrait plus vendre trop chère sa «liberté de presse». Depuis plusieurs mois, le gouvernement gravit lentement les échelles du bâillonnement des médias. La dernière conférence des avocats du docteur Ibrahim Mama Cissé et de Zoubératou Kora en est un exemple.

Au Bénin, plus rien n’arrête l’escalade de la violation de liberté de presse. On a commencé par fermer les journaux, interdire des émissions ou des forums de journalistes qui prennent trop de liberté à critiquer le gouvernement, pour finir enfin dans les travers les plus horribles : empêcher le béninois lambda d’opiner ou de se prononcer sur tel ou tel sujet. Les avocats Charles Badou et Ibrahim Baré l’ont bien appris à leurs dépends en voulant faire leur métier de défendre leurs clients. Mais malheureusement pour eux, ceux-ci n’étaient pas des justiciables ordinaires. Accusés d’intelligence avec l’opérateur économique Patrice Talon pour empoisonner Yayi, ils ont été embastillés depuis Octobre. La précipitation avec laquelle ce dossier a été conduit ainsi que les circonstances et les étapes du scénario restés floues ont laissé beaucoup de béninois sur leurs fins. On avait tout le temps entendu le procureur de la république, le commissaire central, raconter mille et une choses sur le dossier. On les a entendus dire que tous les trois complices arrêtés étaient tous passés aux aveux et qu’ils avaient reconnu avoir accepté de participer à ce complot pour éliminer le Chef de l’Etat. Au fil des jours, leur silence devenait trop pesant. C’est ce qu’ont voulu briser leurs avocats en montant au créneau le vendredi dernier. Mais ils n’eurent pas la chance de voir leur conférence de presse passer sur les chaines de télévision. En effet, leur difficulté a commencé dès que cette idée de conférence a été annoncée. Ils ont officiellement envoyés des demandes de couverture aux quatre chaînes de télévision de la place. Deux chaînes ont refusé de venir couvrir. Une autre a surévalué le coût de la couverture. Elle a d’abord demandé aux avocats de payer 300.000F avant de revenir sur sa décision et de dire 600.000F. Mais en dépit de la réponse positive donnée, cette chaine a refusé de venir couvrir cette conférence de presse. Au finish, une seule chaine était sur les lieux pour couvrir la conférence de presse mais au dernier moment, elle n’on plus, n’a diffusé jusqu’à ce jour cette conférence. Selon des indiscrétions, cette chaine aurait reçu des injonctions de certaines personnalités politiques pour mettre l’embargo sur cette conférence de presse. Ainsi conçu, le plan devrait étouffer complètement le message de ces deux personnes accusées d’«association de malfaiteurs» et de «tentative d’assassinat sur la personne du Chef de l’Etat». Le lendemain, la déclaration de presse du général Sèmègan sur le même sujet a été diffusée par les mêmes chaînes. On put comprendre que les avocats Badou et Baré ont été victimes d’embargo médiatique que l’on impose fréquemment maintenant à certaines personnes dont les propos sont jugés trop gênants pour le gouvernement béninois.


par Marcel Zoumènou

© Copyright La Nouvelle Tribune (Bn)



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vendredi 7 décembre 2012

L'homme d'affaires accusé d'avoir tenté d'empoisonner le président du Bénin remis en liberté à Paris


(Le Monde 07/12/2012) 

L'homme d'affaires béninois Patrice Talon, recherché par les autorités judiciaires de son pays pour tentative d'empoisonnement du chef de l'Etat, Thomas Boni Yayi, a été remis en liberté, jeudi 6 décembre, à Paris, a indiqué son avocat.

Patrice Talon, qui avait été arrêté à son domicile parisien mercredi matin, a été placé sous contrôle judiciaire et a remis son passeport aux autorités françaises, a précisé son avocat, Me William Bourdon. Pour l'avocat français, "le fait que cette procédure répond à une persécution et une manipulation politique ne doit faire de doute pour personne".

Selon lui, Patrice Talon est "non extradable vers le Bénin, où les risques pour son intégrité physique sont évidents". "C'est une procédure montée de toute pièce", a-t-il affirmé. Le Bénin a quinze jours pour produire ses pièces au dossier. La Cour d'appel de Paris devrait examiner la procédure d'extradition d'ici à trois mois. Patrice Talon, ancien proche du président Boni Yayi tombé en disgrâce, a été désigné à la fin d'octobre par les autorités judiciaires béninoises comme l'instigateur d'un complot de tentative d'empoisonnement du chef d'Etat.

Quatre autres personnes ont déjà été inculpées dans cette affaire, dont la nièce et collaboratrice du président et son médecin personnel. Un proche collaborateur de Patrice Talon, Olivier Bocco, fait également l'objet d'un mandat d'arrêt international, pour complicité dans la même affaire.


Le Monde.fr avec AFP


© Copyright Le Monde



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Bénin: Patrice Talon extradé de France dans les deux mois?




laraignee.org

Par RFI
Présenté par la justice béninoise comme l'instigateur d'une tentative d'empoisonnement du président Yayi Boni, l'homme d'affaire Patrice Talon a été interpellé à Paris, puis placé sous contrôle judiciaire, assorti d'une caution. La cour d'appel de Paris devrait statuer dans les deux mois sur la demande d'extradition faite par le Bénin. En octobre, la nièce et le médecin personnel du chef de l'Etat béninois avaient avoué à la police leur participation à un complot contre Yayi Boni. Au total, quatre personnes ont été inculpées dans cette mystérieuse affaire.

L'interpellation de Patrice Talon n'aura duré que quelques heures. Le temps pour la cour d'appel de Paris de placer l'homme d'affaires sous contrôle judiciaire, assorti d'une caution de 300 000 euros, soit 18 millions de francs CFA environ.
L'avocat général de la cour d'appel, autrement dit l'équivalent du procureur, avait requis son placement en détention le temps que la juridiction se prononce sur son extradition. Mais la cour n'a pas retenu cette mesure, se contentant de saisir le passeport de Patrice Talon.
Pour ses avocats, Patrice Talon est victime de persécution, d'une machination politique. Me William Bourdon considère que « le Bénin est incapable de fournir des pièces de procédure », et que cette dernière « va tomber toute seule ».

« Il y a toute une série d'éléments qui suggèrent nettement que cette thèse d'un empoisonnement dans un hôtel bruxellois est une farce, ajoute-t-il. Donc, je suis globalement confiant sur l'issue de la procédure. »

Me Bourdon estime par ailleurs que l'intégrité physique de son client serait menacé en cas d'extradition. « Faux », rétorque sur RFI le procureur béninois Justin Gbenameto, qui rappelle que la justice béninoise s'illustre par son respect des procédures et des droits de l'homme.
« Nous avons déjà donné la garantie aux autorités françaises que les lois béninoises sont respectueuses des droits humains, justifie-t-il. Le Bénin fait partie des pays où les libertés sont les plus respectée au monde, et nous avons une justice sûre. »

Depuis octobre, Patrice Talon est accusé d'avoir monté un complot pour empoisonner les médicaments du président béninois, avec la complicité d'une nièce du président et de son médecin personnel, tous les deux inculpés au Bénin.
La justice française devrait se prononcer dans les deux mois sur l'extradition de Patrice Talon. Elle a donné deux semaines aux juges béninois pour lui fournir les pièces de procédure.



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jeudi 6 décembre 2012

Liberté d’expression et d’information : le Bénin sur une pente glissante!



(La Nouvelle Tribune (Bn) 06/12/2012) 


« La presse privée béninoise est l’une des plus dynamiques en Afrique. Elle est à l’image de la démocratie du pays. Mais si on n’y prend garde, la réglementation de facto ou de jure de la police, de la justice et de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication risque de l’étouffer ».

S’exprimait ainsi Charles MOUMOUNI, Professeur au département d’information et de communication de l’Université Laval (Québec) dans « Les Cahiers du journalisme n o 9 – Automne 2001»

Plus loin, il ajoute que : «Si la presse privée béninoise récolte parfois les honneurs du gouvernement, elle n’est pas pour autant à l’abri des velléités dictatoriales des représentants des pouvoirs publics. Les actes de bâillonnement de la presse s’accumulent au fil des mois et des événements»

Regards sur le passé…

Si en 2001, notre compatriote s’inquiétait des dérives liées aux comportements des autorités politiques vis-à-vis de la liberté d’opinion et d’expression, l’actualité au niveau de notre pays ces temps derniers nous oblige à attirer l’attention des uns et des autres sur la chute grave qu’on observe au niveau du respect de ce principe fondamental des systèmes démocratiques.

En dehors des procès initiés par le pouvoir en place pour cause de diffamation, d’offenses au Chef de l’Etat et à ses collaborateurs et les demandes de suspension d’émissions formulées par le Président de la République et traitées par la Haac, l’Institution, dont la mission première est de «veiller au respect des libertés, notamment la liberté et la protection de la presse ainsi que de tous les moyens de communication de masse», s’emploie aussi à suspendre des émissions et des journaux.

Rien que pour l’actuelle mandature de cette institution, on peut noter une volonté manifeste de jouer un rôle de «police» de la presse. Ce faisant, le Bénin dégringole dans les classements internationaux sans que les acteurs (organe de régulation, organisations professionnelles de la presse...) n’y prennent conscience pour initier des réflexions sur la question.

…Un joug policier pèse sur la presse

Pour certains, c’est le bégaiement de l’histoire, car dans un passé récent, notre pays a été caractérisé par la confiscation policière et militaire des libertés publiques et la “caporalisation des médias”. Pendant 18 ans, la presse béninoise a été l’otage d’une idéologie révolutionnaire marxiste-léniniste. Au cours de cette période, on notait la circulation unidirectionnelle de l’information, réduite à ce qu’on peut appeler « la propagande ».

Cette situation qu’on pensait s’arrêter à la suite de la conférence nationale semble refaire surface. Aujourd’hui, on vit une autre forme de propagande. On ne vient que pour dire ce qui va faire plaisir au Chef. Il est même qualifié de « demi dieu, de sauveur, de l’homme sans qui le pays serait dans l’impasse, l’envoyé de Dieu quelques fois plus rapide que Dieu en réactivité ...».

Quelle autorité pour quelle régulation?

Les autorités morales qui dans le respect de leur charges étaient soigneusement dans leur temple, sont régulièrement sorties par les « hommes politiques » pour s’excuser auprès du Président de la République du comportement « blâmable » de leurs fils. Nos valeurs qui jadis faisaient la fierté de notre nation, sont foulées aux pieds, on retrouve nos rois (gardiens de notre tradition) en pleine crise d’humeur sur nos chaines de télévision à cause de ce que vous savez !

Même si cette situation de propagande a été un peu plus modérée dans la période révolutionnaire, aujourd’hui on assiste à d’autres formes d’expression dans ce sens, qui, à longueur de journée, est le quotidien de nos organes publics.

Quelques précisions sur la liberté d’expression et le droit à l’information

Pour nous, la liberté d’expression et le droit à l’information sont d’origine divine et il est inconcevable de pouvoir en limiter l’usage par des mesures de représailles. Un verrouillage de l’information favorise et développe l’intolérance, l’exclusion, le culte de la personnalité et la culture du secret.

Doit-on encore rappeler que la Conférence nationale de 1990 est déjà venue briser ce carcan pour instaurer le pluralisme démocratique et libérer la presse ?

N’est-ce pas pour protéger cette presse que la Constitution du 11 décembre 1990 en ses articles 24, 142 et 143 a créée la HAAC.

Devrons-nous rappeler que l’une des décisions majeures prises par la Conférence Nationale des forces vives, est la mise en place par un Etat africain d’un organe autonome de régulation des médias ?

Le Bénin a d’ailleurs été suivi sur ce point par d’autres pays africains tels que le Niger, le Ghana, le Togo, le Mali,...

La Haac pour mettre de l’ordre…

La création de la HAAC est une initiative louable, certes, mais il convient de s’interroger sur le rôle de cette institution qui pourrait se retrouver à la limite de la réglementation étatique pure et dure de la presse. Si l’on n’y prend garde, la HAAC pourrait devenir un instrument de bâillonnement des médias privés. Car comme l’a dit l’autre, les institutions ne valent que ce que valent les hommes et les femmes qui les dirigent.

N’est-ce pas ce que dénonçait notre compatriote dans son cahier « Les Cahiers du journalisme » n o 9 – Automne 2001 lorsqu’il écrivait que : « L’article 142 de la Constitution investit la HAAC, composée de neuf membres, de la mission « de garantir et d’assurer la liberté et la protection de la presse, ainsi que de tous les moyens de communication de masse dans le respect de la loi » et de veiller « au respect de la déontologie en matière d’information et à l’accès équitable des partis politiques, des associations et des citoyens aux moyens officiels d’information et de communication ». Trois membres de cette institution sont désignés par les associations professionnelles des médias, trois autres membres par le bureau de l’Assemblée Nationale et les trois membres restants par le Président de la République. Ce dernier a, en outre, le privilège constitutionnel de nommer le président de la HAAC. Il semble alors inquiétant de confier à une institution aussi fortement étatisée et politisée, fût-elle qualifiée d’autonome ou d’indépendante, la responsabilité constitutionnelle d’assurer le respect de la déontologie en matière d’information, y compris la déontologie professionnelle au sein des organes privés de presse. Renforçant les attributions de la HAAC, la loi organique n° 92-021 du 21 août 1992 sur la HAAC, adoptée en vertu de l’article 143 de la Constitution du 11 décembre 1990, permet à la HAAC de prendre toute initiative et d’organiser toute action de nature à accroître le respect de la déontologie et de l’éthique ainsi que la conscience professionnelle.

La “juridiction” de la HAAC est si large qu’elle couvre aussi bien la presse audiovisuelle que la presse écrite, aussi bien la presse étatique que la presse privée. Si les attributions de la HAAC ont été définies en fonction de celles de ses homologues occidentaux, l’emprunt a été mal fait. Il faut noter qu’en France, aux États-Unis et au Canada, le domaine de compétence du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), de la Fédéral Communications Commission (FCC) et du Conseil de la radiotélévision du Canada (CRTC) se réduit à l’audiovisuel et aux télécommunications. La presse écrite, de surcroît privée, ne relève de la réglementation d’aucun de ces organes. Il est à craindre que la HAAC ne gruge chaque jour le champ de compétence des journalistes et des associations professionnelles en matière d’éthique et de déontologie dans la presse écrite privée. Avec un peu de zèle, la HAAC pourrait en effet facilement glisser de son rôle d’organe de régulation de la presse audiovisuelle vers celui de police de la presse en général ».

…Ou pour semer le désordre?

Sommes-nous déjà dans ce glissement de police de la presse?

La réponse à cette question nous invite à analyser les indicateurs qui réglementent la question au niveau internationale. En la matière, c’est le classement mondial de l’Organisation Internationale « Reporters sans frontières » qui nous interpelle. Fondée en 1985 à Montpellier (France), l’association reconnue d’utilité publique depuis 1995, est l’une des seules à présenter chaque année un classement qui nous permet de mesurer l’exercice de la liberté d’expression et d’information, qui reste la première des libertés dans le monde.

En effet, comment lutter contre l’injustice, le massacre des civils, le fléau des enfants soldats, la mauvaise gouvernance, la corruption, et défendre les droits des femmes si l’on ne saurait exercer librement son pouvoir constitutionnel qui est le droit de s’exprimer librement ?

Comment préserver notre environnement si les journalistes ne sont pas libres de rapporter les faits, de dénoncer des abus et d’interpeller la conscience générale ?

Et c’est le Bénin qui régresse

Traditionnel bon élève de l’Afrique de l’Ouest, pionnier du multipartisme et modèle de démocratie moderne dans la région, le Bénin fait cependant face à certaines dérives en matière d’exercice de la liberté d’expression et d’information.

Sinon comment comprendre la chute que nous observons depuis un certain temps dans ce classement Reporters sans frontières.

91ème sur 179 Etats classés derrière le Niger (29ème), le Ghana (41ème), le Burkina Faso (69ème) et le Togo (79ème) dans le classement mondial de la liberté d’expression et d’information 2011-2012 (Reporters sans frontières), le Bénin notre pays a maintenu sa chute.

Tenez, en 2006, le Bénin occupait comme l’Allemagne la 23ème position sur le plan mondial devant la France (35ème), le Togo 66ème. Il était 1er sur le continent africain suivi de la Namibie (2ème) et l’Ile Maurice (3ème). Dans le classement 2010, le Bénin est passé 70ème après le Togo (60ème), le Burkina Faso (49ème). Ailleurs, cette chute devrait interpeller les différentes autorités de notre pays, notamment les membres de la HAAC. Mais sur le terrain rien n’est fait. Pendant que nous ne prenons pas des mesures pour arrêter cette saignée, l’exemple de la Finlande nous interpelle. Toujours premier au plan international dans ce classement (RSF), la Finlande a perdu cette première place en 2007 et 2008. La prise de conscience de ce pays et les mesures prises lui ont permis de reprendre sa première place en 2010, 2011 et 2012. Au Bénin, c’est le contraire qu’on observe. Un maintien malheureux de notre chute sans aucune action concrète des institutions constitutionnelles de notre pays pour remonter le cap.

Et pourtant c’est au Bénin que lorsque le classement « Doing business » nous indique notre position à la queue, l’on a mis en place une commission pour surveiller cet indicateur. N’est-ce pas cette mission assurée par le couple Nasser YAYI et Aurel HOUNGBEDJI du Secrétariat Permanent du Conseil Présidentiel de I’Investissement (SP-CPI) qui a arrêté la tendance baissière observée jusque-là dans ce classement Banque Mondiale ?

Pourquoi au niveau du classement relatif à l’exercice de la liberté d’expression et d’information de Reporters sans frontières, rien n’a été fait pour améliorer notre classement ?

Que fait la HAAC pour l’amélioration de cette triste position du Bénin ?

Il ne faut pas banaliser ce classement. C’est un signe de la vitalité de la démocratie, basée sur la liberté d’expression et d’information. Les organisations professionnelles de la presse (Patronat, Syndicats, Odem...) doivent prendre ce problème au sérieux et éviter de faire de la HAAC, une institution de censure et de répression aux mains des politiques.

La Haac doit jouer son «bon rôle» : Sauvegarder la liberté de presse

N’est-il pas prévu à l’article 4 de la loi N° 92-021 du 21 août 1992 que « La Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication est une institution indépendante de tout pouvoir politique, de tout parti politique, association ou groupe de pression de quelque nature que ce soit ».

La liberté de la presse est l’un des principes fondamentaux des systèmes démocratiques, qui repose sur la liberté d’opinion, la liberté mentale et d’expression. C’est pourquoi dans l’article 11 de la Déclaration française des droits de l’homme et du citoyen de 1789, on peut lire que « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi. »

En tout cas, si rien n’est fait pour arrêter cette chute ne soyons pas surpris d’être classé sur la liste des « prédateurs de liberté de la presse », que Reporters Sans Frontières (RSF) met au point chaque année. Faut il le rappeler que dans le dernier classement, nous notons la présence du feu Meles Zenawi, Premier ministre éthiopien, et du président iranien Mahmoud Ahmadinejad.

Faisons attention dans nos décisions et actions afin qu’une autorité de notre pays ou une institution constitutionnelle du pays ne soit pas retenue dans ce triste tableau mondial des « prédateurs de la liberté de la presse ».

Notre Démocratie qui est déjà en difficulté pour cause de « déstructuration constitutionnelle » pourrait s’assombrir. Œuvrons donc tous pour sauver ce qui reste encore de notre démocratie mais qui est soumise à rudes épreuves : la liberté d’expression et d’information bafouées.

Par Serge PRINCE AGBODJAN
Juriste 


© Copyright La Nouvelle Tribune (Bn)



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mercredi 5 décembre 2012

Correction de la Lépi: les députés de l’opposition dénoncent un complot


(Adjinakou 05/12/2012) 


L'opposition et la mouvance ne s'entendent toujours pas sur le principe de parité au niveau du conseil d'orientation et de supervision. Une structure administrative indépendante qui se chargera de la supervision des travaux de la correction de la Lépi. Hier au cours des travaux en commission les députés de l'opposition ont craqué la porte, parce qu'ils ne sont pas d'accord que la commission des lois revienne sur un rapport déjà rejeté. Les députés de l'Union fait la nation parlent d'un complot contre le peuple.

Le processus pouvant conduit à la correction de la Liste électorale permanente informatisée connaît quelques problèmes au parlement. Le rapport de la proposition de loi modifiant et complétant les dispositions de la loi n°2009-10 du 13 mai 2009 portant organisation du RENA et l'établissement de la LEPI en République du Bénin et la proposition de loi portant apurement, mise à jour et actualisation du fichier électoral national et de la liste électorale permanente informatisée, divise les députés membres de la commission des lois. En effet, le jeudi 22 novembre 2012 les députés de la commission des lois se sont retrouvés pour adopter le rapport des deux propositions de lois. A l'ouverture des travaux neuf députés sur les quatorze que compose la commission étaient présents. Pendant le débat, deux députés à savoir Nicaise Fagnon et Rosine Soglo se sont retirés pour rejoindre la plénière laissant les autres députés poursuivre les travaux en commission. Aux termes des échanges, les députés ont passé au vote le rapport, qui été rejeté par 4 voix contre, 3 pour. Quelques jours après le rejet de ce rapport, Nicaise Fagnon un des commissaires absent par une correspondance a saisi le président de l'Assemblée nationale pour dénoncer ce qui sait passer. En citant l'article 35.5 du règlement intérieur qui stipule que " Les commissions sont toujours en nombre pour discuter, mais la présence de la majorité absolue de leur membres est nécessaire pour la validité de leur vote, si un tiers des membres présents le demande ", L'honorable Fagnon a souhaité l'annulation du vote qui est opéré en leur absence et au besoin la reprise de cette opération. Transmis à la présidente de la commission des lois, Hélène Aholou Kèkè sur la base de cette correspondance a programmé l'examen de ce rapport pour la journée d'hier, mais très tôt les députés ont manifesté leur désapprobation en sortant de la sale de délibération. Léon Ahossi ne comprend pas comment un rapport qui a fait objet de rejet soit encore appelé pour examen. Pour lui la question de majorité évoquée par l'honorable Fagnon dans sa correspondance doit être évoquée au début des travaux. Pour Eric Houndété leurs collègues de la mouvance sont entrain de mettre en place des dispositions dans la correction la Lépi qui fait actuellement objet de polémique. Pour ce député de l'opposition, une décision de la Cour constitutionnelle dit que seules les commissions sont techniquement compétentes pour trancher des questions.


La pomme de discorde
Il n'y aurait pas de problème autour du rapport de la proposition de loi modifiant et complétant les dispositions de la loi n°2009-10 du 13 mai 2009 portant organisation du RENA et l'établissement de la LEPI en République du Bénin et la proposition de loi portant apurement, mise à jour et actualisation du fichier électoral national et de la liste électorale permanente informatisée, si cette loi ne comportait pas une disposition qui crée un conseil d'orientation et de supervision, dont la composition pose problème. En effet, selon la proposition de loi le conseil d'orientation et de supervision (COS) doit être composé de 9 membres à savoir un représentant par groupe parlementaire, le directeur du service national de l'Etat civil et le directeur de l'INSAE. Mais les députés de l'opposition pensent qu'avec cette disposition, le COS sera dominé par les éléments de la mouvance.

C'est alors qu'ils ont proposé que le conseil d'orientation et de supervision soit composé de 13 membres à raison de 6 représentants de la mouvance, 6 représentants de l'opposition et 1 représentant de la société civile. Etant donné que les deux parties ne sont pas entendu, la commission a décidé de se référer à la plénière. Voilà que le rapport qui doit être présenté en plénière est rejeté en commission. Les députés de la mouvance pensent que devant une telle situation seule la décision de la plénière peut s'imposer à eux tous.

Cosme Kèkè
© Copyright Adjinakou




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lundi 3 décembre 2012

Populisme et communication à outrance : ces affiches qui font le culte de la personne de Yayi




Elles sont devenues une pratique courante. Ces affiches du Président de la République sont mises en vedette dans la quasi-totalité des évènements de grande envergure organisés au Bénin ou relatifs au pays.

« Le peuple béninois est béni à travers le Président Boni Yayi », « le peuple béninois est béni à travers la Première Dame Chantale Yayi. » Ces phrases ne sont pas la fin d’une prière en l’honneur du Chef de l’État, son épouse, encore moins le Bénin. Elles sont inscrites sur des affiches postées à certains carrefours de la ville de Cotonou, depuis le voyage du Chef de l’État au Vatican, il y a quelques jours. Il s’agit, entre autres, du carrefour Cadjèhoun, le Carrefour de la Place des martyrs et vers l’église catholique Saint-Michel, sis au quartier du même nom. Sur une première affiche, on peut voir le Président Boni Yayi assis en face du Pape Benoît XVI, sans doute dans un bureau au Vatican.

Sur une deuxième, le Chef de l’État et le Pape Benoît XVI sont debout l’un à coté de l’autre. Et sur une troisième affiche, c’est la Première Dame, Chantale Yayi, qui est mise en vedette, avec à son côté le Pape Benoît XVI. Mais ce qui retient le plus le regard, à la vue de ses différentes affiches, c’est le message : « le peuple béninois est béni à travers la Première Dame Chantale Yayi.» A côté du message, une colombe blanche …Il n’en fallait pas plus pour une meilleure propagande autour de la visite du Chef de l’État au Vatican les 18, 19 et 20 novembre. Les affiches de ce genre sont devenues légion au Bénin. Chaque fois que le Bénin accueille un événement d’envergure, où une haute personnalité internationale, elles sont confectionnées et mises à certains carrefours stratégiques de la ville de Cotonou. Constat, la plupart du temps, la communication est plus axée sur le Chef de l’État que sur la structure organisatrice ou l’objectif même de l’événement.

Yayi au lieu des condoms !

Dans le cadre de la célébration de la journée mondiale de lutte contre le Sida, le 1er décembre, on a eu droit à des affiches mettant en vedette le Président de la République et adapté à l’événement. Elles sont postées sur des panneaux publicitaires, installées au carrefour de la Place des martyrs. Sur l’une d’elles, le Président de la République, ayant en face de lui le thème central de la célébration : « zéro nouvelle infection au VIH, zéro discrimination, zéro décès lié au SIDA ». Sur la seconde affiche, le Chef de l’État en chaude accolade avec un PVIH. La première image est-elle importante pour l’objectif de l’événement ? À ce carrefour, sur ces panneaux, pour communiquer de manière efficience et efficace autour de la JMS, n’importe quelle spécialiste en communication sociale et santé aurait proposé qu’on y mette plutôt ses nombreux messages de sensibilisation sur les attitudes à avoir pour ne pas contracter le virus. Il aurait proposé qu’on y mette des messages de sensibilisation invitant à la non-stigmatisation et discrimination des Pvih.

Mais au contraire, c’est encore Yayi ! Et les cerveaux en communication du pouvoir ne ratent plus occasion pour mettre le Chef de l’État en vedette. On se rappelle encore certaines affiches des XVIèmes championnats d’Afrique d’athlétisme tenus à Porto-Novo du 25 juin au 1er juillet, du forum Table Ronde dialogue secteur public, secteur privé, de la visite d’Hillary Clinton au Bénin ou encore des différents sommets de Chefs d’État et de gouvernement de l’Union Africaine organisés à Cotonou. En tout, le Chef de l’État est mis en exergue. Et pour tout, il l’est également. Son image est mise désormais au centre de tout. Après avoir transformé la télévision de service public, Ortb, en «Yayi-TV», c’est maintenant la ruée vers les affiches grand format. On se demande ce qu’un président qui est à son dernier mandat trouve à faire autant de zooms médiatiques sur sa personne. C’est curieux. C’est à quelle fin c’est, et pour convaincre qui de quoi ? Ce que le Béninois lambda attend du Président Boni Yayi, c’est beaucoup plus des actions concrètes pour venir à bout de la pauvreté qui a progressé au Bénin, qu’une offensive médiatique et communicationnelle donnant l’impression d’un culte de sa personne. À son entourage et lui de jouer.

 par Léonce Gamaï,
© Lanouvelletribune.info


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